Samedi dernier était une journée spéciale pour moi. Mon amoureux, moi et un groupe de ses amis avons décidé de partir une fin de semaine pour faire de la randonnée pédestre au mont Lafayette au New Hampshire aux États-Unis.
Quatorze kilomètres de montée, de roche, de branches, d’eau, de vent, de froid, de descente, mais aussi une vue à couper le souffle et un très grand défi à relever pour moi.
Cette montagne me faisait peur puisqu’on me disait que c’était de niveau difficile et qu’il fallait 4 heures environ pour faire la montée et 3 heures pour la descente.
Arrivée au chalet le vendredi soir, une discussion débute en lien avec la journée du lendemain. Une personne dit : «Ça prends 8 heures pour faire le mont Lafayette», une autre personne renchérie en disant : «Je l’ai fait l’année dernière et ça m’a pris 10 heures, et elle ajoute, j’ai commencé à 8h pour sortir de la montagne à 18h».
Moi qui étais déjà inquiète de ne pas pouvoir y arriver puisque je n’avais monté que deux montagnes, une m’a pris 3 heures et l’autre 4 heures, là, j’étais découragée d’entendre ça. Je me disais en dedans : «Je n’y arriverai jamais, ça n’a pas de sens d’y aller, je vais retarder tout le monde». Ma tête part en boucle et l’anxiété se met de la partie.
22h, je vais me coucher et ma tête continue de penser aux 8 à 10 heures de marche du lendemain. C’est presque trois fois ce que j’ai fait… comment vais-je faire pour y arriver?
J’essaie de relaxer, de méditer, d’écouter de la musique. Mon hamster intérieur n’arrête pas. Je regarde l’heure, il est 23h30, je dois dormir, demain je dois être en forme, je dois me lever à 5h30. Mon petit hamster continu, 1h, 2h du matin, je ne dors toujours pas.
Il ne me reste que 3h30 à dormir, je dois dormir. Je suis presque en panique en dedans. Je pense à mon chum (Michel, mon amoureux) et à ses amis.
Qu’est-ce qu’ils vont penser de moi, je n’y arriverai pas, je ne peux pas grimper une montagne comme ça sans dormir, c’est impossible!
Je ne veux pas décevoir Michel, mais là, c’est surtout moi qui commence à être déçue de moi.
Comment vais-je faire pour lui dire qu’à cause que je n’ai pas dormi, je ne veux pas monter cette montagne? Il est tellement heureux que je sois là et je le suis aussi. Je voulais relever ce défi, mais là, je me sens mal, mon cœur bat vite.
3h30, je pense à ma fille Meggie qui passe des moments difficiles et je suis constamment en train de lui dire :«Ne lâche pas ma cocotte tu vas y arriver, une journée, une heure à la fois, ne baisse pas les bras j’ai confiance en toi», et là je me voyais lui dire : «Je n’ai pas fait la randonnée parce que je n’ai pas dormi». Quelle déception!
La fatigue l’emporte, j’éclate en sanglots.
Je me suis finalement effondrée et endormie vers 4 h je crois.
5h30, on me réveille, je suis si fatiguée!
Je dis à Michel, je n’irai pas faire la randonnée, je n’ai pas dormi et je m’en sens incapable.
Je vois la déception dans ces yeux, mais aussi beaucoup de tendresse et d’amour pour moi, s’il avait été capable, il m’aurait portée.
Après quelques minutes il me dit : «Madeleine, c’est toi qui décides et personne ici ne vas te juger, mais je te connais assez pour savoir que si tu restes au chalet, tu vas le regretter toute la journée, mais si tu essayes, peu importe le résultat, tu seras fière de l’avoir essayé. Et il ajoute, je vais rester avec toi et nous irons à ta vitesse.
Tu n’es pas obligé de faire toute la randonnée, nous pouvons en faire un bout et revenir sur nos pas. Prends quelques minutes pour y penser».
Et là, malgré la fatigue et l’insécurité, je me suis dit exactement ce que je dis à ma fille: «Essaye au moins, ne rien faire c’est une déception assurée. Essayer, peu importe le résultat, tu seras fière de l’avoir fait».
Hop, je me lève!
Après avoir pris un petit déjeuner très rapidement, me voilà au pied de la montagne à 8h prête à grimper.
J’ai commencé en me disant, un pas à la fois, une minute à la fois, je fais confiance à mon corps.
Les deux premières heures ont été très difficiles, j’avais les jambes molles, fatiguées et à bout de souffle. À plusieurs reprises j’ai failli abandonner et à chaque fois je me disais, un pas à la fois Madeleine, ne regarde pas en haut. Concentre-toi sur la prochaine roche à grimper, ne pense à rien d’autre.
Mon chum m’encourageait beaucoup aussi.
Malgré la fatigue, j’ai atteint le premier de trois sommets à 11h.
Quelle fierté j’ai ressentie à ce moment-là! Mon premier de 3 objectifs était atteint.
Maintenant j’ai le choix de retourner sur mes pas et en 2 heures je serai en bas.
Retourner aurait été satisfaisant et j’aurais été fière de moi, mais atteindre le 2e et 3e sommet était de dépasser mes limites.
Je choisis de continuer.
Le 2e sommet a été atteint à 11h45 sans trop de difficulté, mais le 3e sommet a été plus de travail. Il ventait très fort et il faisait très froid. À 12h30 (4h30 après mon départ), j’ai touché la pancarte sur laquelle était inscrit
[symple_highlight color= »blue »]MT LAFAYETTE SUMMIT
1603M 5260FT.[/symple_highlight]
YAHOOO, J’Y SUIS ARRIVÉE!
Le sentiment profond que j’avais était plus que de la fierté, c’est le sentiment du dépassement, d’avoir été au bout de moi. J’étais tellement heureuse d’avoir réussi, et quelle vue j’avais du haut de cette montagne!
Après cette formidable expérience, je ne douterai plus de mes capacités. J’ai remercié mon corps de m’avoir amenée en haut.
Après une pause de 40 minutes pour manger et me reposer, me voilà repartie pour la descente. Descente qui a été assez pénible puisque mes genoux et mes chevilles étaient douloureux.
Il m’a fallu 4 heures pour la descente avec quelques arrêts pour soigner mes douleurs (vive les huiles essentielles).
17h30, j’arrive au pied de la montagne. soit 9h30 plus tard. Je suis crevée, mais heureuse de mon accomplissement.
La morale de cette histoire, ne vous laissez pas limiter par les apparences, elles peuvent être trompeuses et vous empêcher d’atteindre vos objectifs.
Vous serez toujours plus fière d’essayer que de ne rien faire et d’accepter votre sort.